• Le cancrelat

    Une envie de liberté de cracher dans les mots, une envie de m'en réjouir. De remuer dans les viscères d'un petit cancrelat bien détestable. Une tête d'épingle énorme qui recrache la pourriture de son cœur. Une vomissure d'injures. Ssssssssalope. Ça a un  gros cœur tout tendu, gonflé de jalousie, cramoisi de colère possessive, un cancrelat. Et puis, c’est bête un cancrelat. Il harponne et bave ses saloperies tellement il en peut plus de son cœur. Ça lui prend toute la place. Faut avoir bien souffert pour être un cancrelat. Un petit doigt enfoncé à peine, là, comme une petite pointe gentiment dans la baudruche. Paf !!!! Éclaté le cœur du cancrelat. C’est embêtant. Ça tache, un cœur de cancrelat. Ça tache longtemps et puis c’est dégoûtant. Faut frotter dur. Effacé, crois-tu ? Juste caché, insidieux et pervers, une mycose, un psoriasis, une croûte puante et fumante qui traverse la chair. Et toute la peinture à refaire encore, ça suinte par en-dessous, et ça remonte. C’est laid, faut refaire. Lui recoller son cœur et qu’il le mange, qu’il l’avale. Que ça lui étouffe les mots d’ordure et retire tes sales pattes, cancrelat. Je t’écrase cancrelat, et ça m’en lave. Ressuscite ailleurs et fous-moi la paix.